Monteverdi testamento – Vespro della Madona 1643

Quelles sont ces autres Vêpres que Monteverdi a pu faire résonner à l’ombre de la grande Assomption du Titien, à la fin de sa vie en 1643, dans la célèbre église consacrée à la Vierge, Santa Maria Gloriosa dei Frari – là même où il sera enterré quelques temps plus tard ? Car si les Vêpres de 1610 sont considérées comme son chef-d’œuvre, il ne faut pas oublier que cette œuvre n’est qu’un instantané photographique d’une forme par excellence éphémère, qui ne doit sa postérité qu’au fait d’avoir été publiée : les Vêpres de Monteverdi sont en réalité aussi nombreuses qu’il y eut d’occasions de célébrer la Vierge.

Reprenant le déroulé traditionnel des vêpres mariales, emblématiques de la ferveur religieuse d’une Venise encore marquée par la grande épidémie de peste de 1631, ce concert fera entendre plusieurs des œuvres tirées de son grand recueil des Selva morale e spitiruale de 1641 – « forêt », mais aussi testament musical d’un compositeur au sommet de sa gloire et de sa maturité. Aux œuvres plus intimes que sont les antiennes ou les motets instrumentaux, répondront les pièces monumentales et exaltantes que sont, notamment, le psaume Dixit dominus et le cantique Magnificat construits sur le principe du double chœur, et l’utilisation du style concertant, emblématique du style vénitien. Autre versant de ce testament musical, le Pianto della Madonna, dans lequel Monteverdi reprend note à note son bouleversant lamento d’Ariane, ne changeant que le texte, pour le destiner à ces nouvelles Vêpres à la Vierge.