Une reine déjà veuve succombe au départ d’un amant poussé par le destin. Comment faire entrer dans ce drame le public d’aujourd’hui, sans laisser à la porte le langage poétique de Tate et Purcell ? Ce que nous appelons désir, conflit, émotion, est évoqué au XVIIe siècle par des métaphores hallucinées, des interventions féériques ou infernales. Sans nous perdre dans un dédale mythologique, Cécile Roussat et Julien Lubeck libèrent les forces vives de cet imaginaire, peuplant la scène de créatures en action qui augmentent notre sentiment du récit. Acrobates et danseurs parcourent ou survolent le décor sous la forme de monstres marins, de divinités aériennes et d’esprits sylvestres. La mer, par sa présence constante, enveloppe dans un même élément la passion des protagonistes, la fureur des puissances maléfiques, la paix du repos amoureux et le désespoir qui engloutit la reine. Mais le plateau n’est pas seul à convoquer des personnages de tous bords. Depuis la fosse, Vincent Dumestre fait entendre les échos de la tragédie lyrique et des masques élisabéthains. La majesté de Lully et la mélancolie de Dowland hantent une trame musicale où s’invitent les techniques d’improvisation héritées des luthistes. Les danses issues d’autres partitions de Purcell et de ses contemporains viennent compléter les épisodes de divertissement indispensables à l’éclat de l’œuvre. Dans ce contexte, chanteurs et musiciens du Poème Harmonique rivalisent d’ardeur et d’imagination, pour un spectacle aussi trépidant qu’inoubliable.
Créée au printemps 2014 à l’Opéra de Rouen, reprise à l’Opéra Royal de Versailles puis au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, cette production a reçu les honneurs de la critique et les louanges du public. Reliant l’univers poétique du XVIIe siècle aux sensibilités contemporaines, elle est régulièrement célébrée pour son caractère brillant et grand public.
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